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Comité du Souvenir de L'Artolie
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Paul C. (57-2B) - AFN

 " De la classe 57-2B, j'ai effectué mes 4 mois de classes au 458ème GAAC [1] à Coulommiers, Seine-et-Marne, puis les manoeuvres à Mourmelon-le-Grand, dans la Marne. Départ pour l'AFN [2] par train vers la base de Port-Vendre, puis destination Oran par bâteau. Muni du paquetage et de l'arme, un MAS 36, direction par train le sud oranais jusqu'au PC du 1/4ème RAAC [3] (un peu plus tard 1/4ème RAMA [4]) stationné à la Redoute de Beni Ounif, et enfin [le camp] Duveyrier, stationnement de la 2ème Batterie.


 Notre activité sur le terrain n'avait aucun rapport avec l'artillerie, nous étions des biffins 
[5] formés au maintien de l'ordre, bien vite remplacé par le mot "guerre".

 Comme occupation principale, nous avions la surveillance du réseau électrifié nuit et jour par des patrouilles. Il s'agissait d'une zone infranchissable, avec enchevêtrement de barbelés, de câbles électriques alimentés par un courant de 5000 volts, truffée de mines anti-personnel, encriers 
[6], et bondissantes. Lors d'une tentative de shuntage [7], l'alarme se déclenchait aussitôt.

 Les caravanes pourvoyeuses d'armes en provenance du Maroc très proche 
[8] (comme Figuig, côté marocain), devaient contourner le réseau pour passer plus bas. Des interceptions étaient alors lancées par camions GMC dans la Hamada [9]. Nous pouvions passer plusieurs jours en dehors de la batterie avec réserve d'eau, de nourriture, et de carburant pour descendre jusqu'à Bidon 5 [10] vers Adrar [11].

 A notre retour, diverses occupations reprenaient : maçonnerie pour certains logements pour la troupe, la gare de Duveyrier étant trop exigue pour loger tout le personnel. Pour d'autres, corvées diverses, cuisine, entretien du matériel roulant par les chauffeurs (GMC, Auto-mitrailleuses), Jeep du commandant de la batterie...


 Quant à moi, j'avais la responsabilité des pièces matriculaires (livrets militaires) dans un petit bureau aménagé dans la gare, servant également au secrétariat du capitaine. J'allais également prêter main forte à mon ami gérant du foyer, où la bière (de marque BAO) coulait à flots. Je l'accompagnais également à la Légion pour l'approvisionnement de notre foyer. Nous ramenions des conserves qui amélioraient bien l'ordinaire.

 La chasse à la gazelle, au lapin, au chat sauvage, à l'outarde, ou aux perdreaux procurait aussi quelques extras, sans oublier la cueillette des dattes. Une tranche de dromadaire pouvait également arriver dans nos assiettes, si le malheureux animal avait franchi la zone interdite !

 Dans la gare se trouvait la centrale, un ensemble de groupes électrogènes surveillés par des dieselistes et des électriciens tous du contingent, produisant les 5000 volts. Nous allions parfois fouiller une mechta 
[12] (campement ou hameau), où nous ne trouvions jamais rien, même pas les hommes, mis à part quelques vieillards. Fellouzes [13] absents...

 Après 28 mois de bons et loyaux services, dont 10 mois en ADL 
[14], je fus renvoyé dans mes foyers le 22/02/1960 en permission libérable de 59 jours. Embarquement à Oran sur le "Ville de Marseille" vers le port de Marseille, arrivée le 26/02/1960. Aligné en solde et accessoires jusqu'au 19/04/1960, et RDC [15] du 1/4ème RAMA le 20/04/1960. Libéré de toutes obligations militaires à l'âge de 35 ans [16].


 J'ai rédigé ces quelques lignes de mon séjour en AFN pour le blog, en souhaitant que je serai suivi par d'autres appelés.
"

Paul C.



[1]GAAC: Groupe d'Artillerie Anti-aérienne Coloniale
[2]AFN: Afrique Française du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie)
[3]RAAC: Régiment d'Artillerie Anti-aérienne Coloniale
[4]RAMA: Régiment d'Artillerie de MArine
[5]biffin: un fantassin
[6]encrier: mine tenant son nom de sa forme
[7]shunter: effectuer un second câblage électrique en vue de couper l'existant
[8]Beni Ounif: commune algérienne, à 2-3km de la frontière marocaine, sur le trajet de la N6
[9]Hamada: au Sahara, plateaux constitués de dalles rocheuses
[10]Bidon V: la 5ème halte et réserve d'eau de la Cie Générale transsaharienne
[11]Adrar: commune algérienne, sur le trajet de la N6
[12]mechta: maison faite de grosses briques séchées, aussi hameau fait de mechtas
[13]fellouze: (fellagha) sympathisant du FLN, mouvement luttant pour indépendance de l'Algérie, à l'époque française
[14]ADL: Au-dessus de la Durée Légale (à l'époque de 18 mois)
[15]RDC: Rayé Des Contrôles
[16]à 35 ans: article L67 de la Loi 71-424 du 10 juin 1971


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2 commentaires:

MARTIN a dit…

Bonjour,
Mon père Jean MARTIN de la 57/2B est décédé en juillet 2019. Il est arrivé au Corps IM d'Aïn Sefra le 06/01/1959 et renvoyé dans son foyer le 25/03/1960.
J'ai pu avoir accès récemment à son livret militaire. Je ne sais pas comment retrouver d'éventuelles camarades de mon père, mettre des noms sur les visages de ses photos... etc...
Merci pour d'éventuels retours,
Cordialement,

Comité du Souvenir, Paillet a dit…

Bonjour M. Martin,

Merci pour ce commentaire, et sincères condoléances.
Paul (mon beau-père) nous a quittés également en 2019..

Je vous propose de nous contacter via le mail du Comité (csouvpaillet, gmail) avec les coordonnées auxquelles vous joindre (ne les publiez pas en commentaire).

A bientôt.